samedi 16 août 2014

La position libertine ambigüe chez Sade : nous n'en parlerons pas ici.

Improbable.
Visiblement le type à l’atelier de moulage des mannequins-vitrine s’est fait plaisir et s’est bien lâché sur la taille des nichons. Si l’on compare au mannequin de gauche, on ressent très bien la lassitude et la frustration qui l’ont conduit à péter les plombs et à ‘créer’ son modèle à lui. Celui qu’il a fantasmé tout au long de sa médiocre carrière de mouleur de bustes trop menus à son goût (je n’y connais foutrement rien en tailles de soutiens-gorge, je ne peux donc pas vous communiquer d’informations chiffrées et lettrées). Insatisfaction qu’il s’est permis d’assouvir surement le jour de son départ en retraite et de se laisser aller à la réalisation d’une (fausse) poitrine de bombasse. Celle que l’on a plus souvent l’occasion de croiser sur une plage de Miami ou à Saint-Tropez plutôt qu’aux abords du Lac de Vassivière. C’est sa petite Pamela Anderson à lui. Sa poitrine ‘baywatch’. 



Deuxième point légèreté. Il y a quelques années, j’avais déjà expliqué à mon très cher frère le sous-entendu coquin des paroles du titre de la Britney-Lolita délurée de l’époque : Lio, lorsqu’elle chantait, faussement innocente avec sa queue de cheval yéyé : « Banana Split ». Non, mon petit frère, il ne s’agissait pas là de vanter les délices et qualités gustatives d’un dessert glacé mais  ‘d’imager’ à travers cette métaphore pâtissière et dans un érotisme gourmand : une bonne pipe. Aujourd’hui nous avons franchi une autre étape dans l’analyse de titres dont la compréhension des paroles échappent totalement à ton discernement petit frère chéri. Et résonne à tes oreilles de façon totalement inintelligible. Le titre du jour - nous restons dans les années 80 - : le générique de la série japonaise « Jeanne et Serge » (« アタッカーYOU! »). 

L’incompréhension se situait au niveau du refrain. Mon frère entendait alors ceci : 

Jeanne et Serge
« Kdhkhdhdkq dhefhjefb »
« Pozalfjeçfenkj » de volley-ball
Jeanne et Serge
« Oiezpehbfbcbkjlkemfjljb pifkk »

« Hoiebeoo ojggneoh ojjo »
« Mnzih faaaardf » pour Jeanne et Serge
« Hoiebeoo ojggneoh ojjo »
«  Mnzih faaaardf » pour Jeanne et Serge

Il faut donc, mon frérot, entendre et comprendre (dans cette mauvaise traduction nipponne) ceci :

Jeanne et Serge
Coup de foudre
Match de
volley-ball
Jeanne et Serge
Amour dès le premier regard

C'est amour et bonheur
La vie
pour Jeanne et Serge
C'est amour et bonheur
La vie
pour Jeanne et Serge
C'est amour et bonheur
La vie
pour Jeanne et Serge



(Petite remarque personnelle au sujet de l’histoire de cette romance slurp slurp : je reste totalement persuadée que d’une part, Jeanne est lesbienne. Que d’autre part, Serge est ce que l’on pourrait appeler à l’heure actuelle un ‘metrosexuel’. Et qu’ensuite, je soupçonne ce dernier d’avoir baratiné Jeanne tout ça pour mater à loisir ses copines perpétuellement en culottes sur les terrains de volley, et ainsi se divertir agréablement pendant les qualif’ des J.O. de Séoul). Maintenant que tout le monde s’est dit « ahlala quelle époque » ou « toute mon enfance », on passe au reste. Le reste qui d’ailleurs vous rappellera de bons souvenirs d’école. 

Sujet # 3 > moins évaporé et plus grave : les satanés séparateurs d’achats à la caisse et la division dissimulée qu’ils entraînent.  Attention, je vais citer du Rousseau et le lien avec ces putes de barres de caisse n’est pas si incongru. Démonstration et argumentation autour de cet objet de malheur qui mine de rien contribue à foutre insidieusement le bordel. Selon Jean-Jacques Rousseau, ce n’est pas l’argent qui est à l’origine du ‘mal’ (depuis les choses ont un peu changé…) mais la propriété privée (depuis les choses ont empiré…). Inspi / Expi / Concentration / Citation / Retour au lycée : « Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaient l'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d'un commerce indépendant: mais dès l'instant qu'un homme eut besoin du secours d'un autre ; dès qu'on s'aperçut qu'il était utile à un seul d'avoir des provisions pour deux, l'égalité disparut, la propriété s'introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu'il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l'esclavage et la misère germer et croître avec les moissons ». Jean-Jacques Rousseau - Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes. Point précis et utile : J.-J. Rousseau n’a jamais dit que la propriété devait être éliminée, elle est incontournable, elle est venue peu à peu dans l'esprit des gens… Sa démonstration consiste à nous demander comment l’homme est passé de l’état de nature, à la propriété (puis, au despotisme, mais nous n’irons pas jusque là, du moins pas avec les séparateurs d’achats). C’est donc le malheur de l’Homme social qui nous intéresse ici. 

Questionnement social. Sauras-tu trouver ici une lueur d'âme ?

On dit que ce sont le plus cochonnes ? 
Reprenons depuis le début avec le récit de l’acte odieux qui a conduit à la matérialisation d’une séparation entre mes courses et celles de la personne derrière moi, et tout ceci à mon insu. Juste devant moi, une dame, qui semblait d’une nature plutôt rigoureuse et anxieuse (serre tête et jupe en dessous des genoux. Mâchoires serrées. Amen), constate avec stupeur que je dépose mes tomates Torino sur le tapis sans délimiter concrètement l’espace entre ses achats et les miens par le truchement de ce démoniaque séparateur d’achats. D’un geste vif et radical elle corrige ce manquement et saisit furtivement l’objet malin en question pour mieux diviser la propriété que sont ses courses et la supposée ‘propriété’ que sont les miennes. D’autant plus que je n’ai pas encore payé, elle non plus, nos courses appartiennent donc encore au magasin. Mise au point sur la symbolique de son geste et de l’objet du scandale : il s’agit là - à mon sens - d’une division des gens de façon dérobée, qui renforce cette fâcheuse notion de ‘propriété’. Nous développerons ceci plus tard. Poursuivons le récit, avec illustration, flèches et légendes s’il vous plait :


Ce que vous constatez sur la photo c’est un séparateur d’achats entre MES courses et celle de la personne qui me suit. Cette obsédée de la scission, voyant que je ne copiais pas son geste ségrégationniste - indiquant ainsi à mon voisin que mes tomates > sont mes tomates > pas les siennes > le rassurant ainsi implicitement sur le fait qu’il ne payera pas mes courses à ma place - elle prend un autre foutu séparateur d’achats et le lâche prestement sur mes tomates cornues. Je remarque au passage qu’en voulant délimiter son terrain, le mien et celui de la personne qui me suit, elle s’introduit sans gène dans nos ‘cercles d’intimité’ ; invisibles, mais que l’on peut facilement deviner :  soit un rayon de 8 à 12 cm autour de mes tomates. Elle s’octroie ici le droit de juger d’une démarcation tangible entre l’autre et moi. Alors qu’elle n’est, en aucun cas, concernée par notre hypothétique commerce. Je reste persuadée que cet acte inaugure un long processus de la corruption humaine et voilà les tomates à droite et les chipsters à gauche qui prennent une toute autre dimension. Que l’on ne me fasse pas croire que cet acte est ‘civique’. Dire bonjour à la caisse l’est plus. Nous sommes face au ‘ceci est moi’ clivant, dans toute sa majesté. 

Cette pute soustrait ici un peu de ma liberté. La manie de mettre à disposition des séparateurs d’achats n’est visiblement pas mise en place dans un esprit d’avancée vers un idéal ‘communautaire’. C’est un soi-disant gain de temps pour la caissière et donc d’argent pour le magasin. L’idée d’une communauté de biens semble encore bien loin (une distance orbitale) de cet l’individualisme possessif et de la peur d’être exposé sans cesse à l’invasion d’autrui, et ce, même à la caisse d’un supermarché. Madame, rassurez-vous, même sans séparateur d’achats vous pourrez jouir en paix de vos emplettes dans votre petit chez vous méticuleusement barricadé, avec code et interphone à l’entrée et votre installation serrure multipoints. Certains penseront que l’utilisation des séparateurs d’achats est plus pratique pour la caissière, qui ne peut pas deviner à qui sont les courses. Toutes n’ont pas la science infuse mais c’est un peu les prendre pour de sacrées cruches. L’idée n’est pas de coller ses steaks avec les yaourts brassés natures ou les tampon Net +++ de ses voisins/voisines de caisse, et d’en faire un gros tas de courses tout mélangé, sur ce putain de tapis roulant juste pour emmerder la caissière. Mais de veiller à laisser un espace entre ‘le cercle intime’ des produits de chacun. Au pire, ça n’amène qu’à la discussion et au dialogue. Est-ce vraiment grave ? Non. Les séparateurs d’achats sont des petits murs de Berlin. Personne ne se parle et préfère croire que la propriété apporte le bien, la prospérité et, et, et : la sureté. Comme ceux qui s’obstinent à construire des murets en parpaings autour de chez eux. Des murs qu’ils ne prennent même pas la peine de crépir une fois ceux-ci érigés. Dans tout les cas : c’est moche. Je vous dirai une autre fois comment la culture de charmants petits bocages ou de romantiques haies peuvent faire l’objet d’un enclos naturel - si vraiment, il est nécessaire pour votre équilibre psychique - beaucoup plus coquet, sympathique et accueillant. 


Bisous.


Ca.


PS : j’existe aussi en poupée désormais...