vendredi 26 juillet 2013

Control Freak


Il est grand temps que je mette un frein à cette foutue manie : celle d'être désespérément ponctuelle. La Mairie de Limoges ouvre à 8:30. Et regardez bien, en bas à gauche sur le ticket : 8:30. Putain. Et par la force des choses mon n° est le 0001. Évidemment : j'étais là la première. C'est l'aboutissement ultime de ma psychorigidité. La sensation - très agréable - d'être un petit peu la première de la classe aujourd'hui. Comme j'ai été 'moyenne' tout au long de ma scolarité (pour obtenir les mêmes diplômes que les autres finalement...), je ne boude pas mon plaisir. Mais ce matin, ma déformation professionnelle, celle d'être impérativement à l'heure (l'animateur radio est un remarquable gestionnaire du temps) m'a tout de même effrayée. Depuis des années je vis avec une horloge dans le ventre. Ponctuelle à chaque rendez-vous. Si un retard survient, il est complètement indépendant de ma volonté et encore : je pousse le vice à calculer l’événement hasardeux qui pourrait me mettre dans une position très inconfortable : ne pas être à l'heure. Exemple : je n'ai jamais raté un train. 


Mais avec les derniers incidents ferroviaires, je pense sérieusement à remplacer ce moyen de transport par l'avion pour mes futurs déplacements. Et puis la différence de tarif est de moins en moins excessive. J'arrête là ce passage 'UFC Que choisir'. 

L’animateur radio n'est pas aussi détendu, qu'on le pense. Tout n'est n'est pas toujours "Super Green".

J'ai donc passé ma semaine à m'organiser pour trouver le temps de passer au retrait des cartes d'identités. La jeune et jolie CDD d'été à la Mairie me demande si j'ai bien apporté avec moi ma déclaration de perte (oui, j'étais sans papiers jusqu'à ce matin, cépatrétrébiensa / J'y pense c'est complètement incohérent d'avoir la trouille d'être en retard mais circuler en voiture, dans la rue etc. à moitié dans l'illégalité ne me fait ni chaud ni froid... Je vais le noter et tenter d'y réfléchir... Entre deux prévisions de choses et d'autres). Ma réponse spontanée et bourrée de détresse à la jeune demoiselle : "AH !" > là mon cerveau se met en mode 'panique' / Je vais devoir accommoder à nouveau mon emploi du temps. En gros : cela revient à inclure un nouveau projet. Et ! Ce dernier vient se greffer à d'autres déjà calés. Putain Putain Putain. Elle est loin de se rendre compte de l'impact terrible, insupportable, tragique, de sa réponse. "Non, je n'ai pas cette (putain de) déclaration de perte". Je rajoute quelques trémolos dans la voix. Dieu du Ciel ! Dieu du Ciel sa collègue (celle qui va partir en vacances ce soir, ce qui a surement de bienfaisantes conséquences sur son humeur et son intervention - divine - merci Madame), lui dit tout bas : "Ne soit pas trop sévère, on va passer pour cette fois". ALLÉLUIA. MERCI. MERCI. 


La Mairie de Limoges est très jolie mais la démarche de s'y rendre sous-entend toujours une formalité chiante, et chiante. Il est à peine 9:00, et des milliers d'émotions ont déjà traversé mon corps. Pour dire que, oui, je fais parti de ces personnes qui ne peuvent vivre plus de 15 minutes sans anticiper le temps à venir, sans faire de liste, sans organisation carrée et extrême. C'est très fatiguant. Mais indispensable. Salutaire paradoxalement. Sans combine, plan et tactique : ma vie serait un chaos total. Envisager de remettre une tâche au lendemain m'est inconcevable. Repousser des choix, des décisions : invraisemblable. Ignorer les problème doit surement être une joie et un ressembler à un grand bonheur de vivre. Mon cerveau s'y refuse. Alors oui : c'est s'enfermer dans un système mais aussi limiter certains emmerdements. CQFD. Alors parfois je tente tout de même quelques 'lâcher prise'. Je pars 'à l'aventure'. "Il est tard, je rentre du travail et n'ai aucune envie de passer par Monop et de toute façon c'est fermé et il neige et Carrefour City qui est ouvert jusqu'à 22h30 est trop loin il fait trop froid - c'est un exemple d'hiver - tant pis je me passerai de sucrine ce soir et de thé demain matin" (bienvenue dans ma tête = Beyrouth). 

Je pars à l'aventure.
Et affronte (mais pas longtemps quand même) : Le HASARD.
Et je rentre chez moi le coeur léger, bien contente d'avoir surpassé cette tendance à faire des provisions. Ahlala : quel soulagement. Oui mais il ne faut pas déconner quand même. Dés le lendemain je réenclenche mon programme, mon planning, mon diagramme mental. Changer radicalement du système n'est pas une solution. La folie en serait le terme et ce serait dommage, parce que je doute qu'à l'asile on me laisser bloguer et boire de la bière. Accepter l'inattendu : oui mais 2 fois par mois et si je le décide. C'est un peu comme la personne qui aime les surprises, seulement si c'est elle qui les organise. Oui. On peut tout à fait déceler ici, une grosse putain de peur de perte de contrôle. Qui se retranscrit bien évidemment dans ma relation aux autres, dans mon comportement et mon quotidien. Il faut juste l'accepter et l'assumer. Exemple : vomir est une chose impossible pour moi. Alors, oui c'est jamais très très sympa. Personne n'aime vomir. Mais c'est là une réaction incontrôlée, donc > incontrôlable, de mon corps. Il décide à ma place. Mais non :). Alors en plus d'être 'control freak', maniaque, je suis émétophobe. Restez, promis, je ne ferai pas la quête à la fin du post... Un perfectionnisme un peu paralysant, je vous l'accorde. En fait : en contrôlant votre environnement : vous augmentez vos chances de voire vos plans se dérouler comme VOUS l'avez prévu. C'est jouissif. On pourrait penser alors que ce comportement extrême, fignoleur, appliqué : soulage. Carrément pas. Vous êtes constamment sans répit, envahit de stress, d'anxiété et de frustration, si un pépin survient. Rien que de l'écrire j'ai la gerbe mais j'ai peur du vomis alors je pense à un tableau du douanier Rousseau. Demandez pas pourquoi : ça me calme. 

C'est sédatif.
Depuis quelques semaines je ponctue mes journée d'une ou deux séances de relaxation ce qui fait baisser mon pourcentage quotidien d'anxiété de 2% à peu près. 'Ce qui est bien, mais pas top'. De 98% d'inquiétude perpétuelle, ma pratique de la détente, du relâchement et de la respiration abdominale m'amène à un score de 96%. La route est longue mes amis. La crise d'angoisse n'est jamais loin. Ayant développé cette ascendance à la maîtrise depuis des années dans l'espoir d'un état d'esprit plus calme, finalement pour éviter d'être anxieuse, je suis finalement anxieuse par peur de l'être. Vous suivez. petite béquille (ou pas) : je possède des tonnes de carnets dans lesquels je note des tonnes de trucs, de listes... J''inventaire', je 'répertoire', je 'catalogue' (j'ai même des codes couleurs. Folle.). Faire des étiquettes est un loisir prodigieux. Une activité épanouissante, proche justement de la séance de relaxation. Comme faire le ménage : une étonnante sensation de bien être m'envahit dés que je fais la poussière, que je range des trucs bien droits ou quand j'aspire à mort mon tapis <3 Chaque changement me perturbe. Je suis incapable de fonctionner correctement ensuite. C'est comme la dispersion. M'éparpiller = sauter dans le vide = m'arracher les cheveux = ne plus gérer la situation = insécurité = drame. La liste est salutaire pour les personne comme moi. Une liste : c'est la sécurité. L'étape 1 de la future concrétisation, proche, très proche, de l'action. 

Ça paraît très confus comme ça, mais tout est très structuré.
C'est une suite d'éléments HIÉRARCHISÉS  Contenant eux-même d'autres éléments hiérarchisés qui peuvent renvoyer aux éléments hiérarchisés d'une autre liste avec tout plein d'éléments hiérarchisés dont certains sont à la fois hiérarchisés et liés à d'autres éléments hiérarchisés de la première liste là où il y a des éléments hiérarchisés qui renvoyer aux divers éléments hiérarchisés de diverses listes elles-mêmes hiérarchisées en une suite d'éléments hiérarchisés, un peu comme dans une liste d'éléments hiérarchisés. (C'est un peu la démarche à suivre pour éteindre ou enregistrer une photo sur un Blackberry). Une réponse ne me convient pas, elle n'est pas celle que j'avais 'prévue'. Catastrophe. Voilà que je me sens complètement pauvre et misérable. Dépourvue et démunie. Quelques palpitations peuvent même s'ajouter à cet état dénuement total. C'est vivre sans cesse dans la prospection. Jamais dans le temps présent. Je sais. Se tromper n'est pas grave. Je sais. Mais cela reste excessivement difficile à gérer. Non seulement je n'ai confiance en personne mais encore moins en moi-même. C'est une bataille de tous les jours.


En bref, même pleine aux as, sous les cocotiers, je serai quand même entrain de me demander si il y a suffisamment de citrons vert dans le frigo pour les Mojitos de tout à l'heure, en fonction de nombre de personne et du potentiel nombre de cocktails par personne... TA GUEULE.


Cette tendance à jouer les maîtres de l'univers remonte surement à ma petite enfance, autant dire que c'est compliqué à rectifier. C'est pourquoi je reste très casse couilles pour mon entourage mais toujours, toujours, très ponctuelle. 

Au plaisir,

Baboushca. Alias Monica Geller.

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